Mot de l'organisatrice
Créer un équivalent du Movember ou de la Journée sans maquillage en ce qui a trait au grand et sous-estimé sujet des POILS, voilà ce qui m’anime au plus haut point en ce moment. Je l’écris ici en majuscules pour que ce soit dit une fois (pas pour toute) haut et fort et que ça sorte du tabou, de l’isolement populaire et de la fâcheuse tendance à banaliser un sentiment de révolte, une rébellion refoulée ou latente à laquelle on répond souvent : « Ben fais-le pour toi, si t’en as envie, pas pour les autres… » Justement, je crois que pour se libérer du regard des « autres », il faut s’allier pour dire : Oui, c’est possible, et NON, tu ne seras pas ostracisé(e) pour ce corps, cette nature, ce goût, ce choix, ce penchant, cette envie du moment ou ce mode de vie. Pour créer de nouveaux modèles de masculinité, féminité et de non-binarité, pour faire exploser nos carcans, il faut cesser de penser que tout le monde fait ce qu’il veut individuellement pour lui-même et qu’on s’en fout, que personne ne sera pas opprimé, jugé ou regardé de travers (c’est une utopie!). Et là, bien sûr, il est facile de critiquer les réactions et les jugements existants, mais il est nécessaire d'en parler, car leur source semble être liée à notre peur de la différence. Les femmes ne sont pas « poilues », alors si on veut être dans le corps qui est nôtre sans l'altérer régulièrement, comment alors est-on ou demeure-t-on femme ? Vraiment, oui, je crois que nous en sommes là. Ça va faire presque 20 ans que je cohabite avec cette idée, cette peur, ce besoin d’en parler et créer une libération qui, je crois, se peut, mais avec beaucoup beaucoup beaucoup d’efforts… et de plaisir !
J’ai donc envie, besoin, rêvé et même bavé devant l’idée qu’on se mette tous à parler de nos poils, car on les subit trop souvent et j’aimerais croire qu’ils ne sont pas là, à la base, pour ça, pour nous peser. J’aimerais apprendre ou ré-apprendre ce que les poils peuvent avoir de drôle, de réconfortant, de doux, de chaud, de soyeux, de coloré, d’extravagant, de banal, de beau… J’aimerais juste qu’on redonne une chance à nos poils et que pour un bref, tout bref instant, on cesse de les opprimer. Je suis persuadée que nos poils peuvent nous mener vers une très grande histoire d’amour avec nous-mêmes et l’autre. Alors, si on faisait juste commencer par en parler, puis après les regarder et après… qui sait ?
Paméla Dumont, Décembre 2016
© Photo Patrice Tremblay
Qui est Paméla ? : www.pameladumont.com
La compagnie de théâtre dont elle fait partie et soutenant le projet : www.theatredelafoulee.com